Les forêts du pays de Sault (Aude) : impact de la gestion forestière sur la diversité génétique et spécifique des Carabinae
Les forêts du pays de Sault (Aude) : impact de la gestion forestière sur la diversité génétique et spécifique des Carabinae
[Télécharger le rapport final]
Coordinateur : Jean-Yves Rasplus (Centre de biologie et de gestion des populations).
Partenaires :
CBPG (Centre de Biologie et de Gestion des Populations) : P. Audiot, E. Barrau, K. Berthier, C. Brouat, L. Lesobre, S. Meunier, G. Mondor, F. Sennedot,
ONF (Quillan) : T. Noblecourt (cellule d’études entomologiques),
Université Paris VI : J.P. Rossi,
Consultant indépendant : H. Chevalier.
L’objectif de ce projet était de comparer l’impact de deux modes de gestion forestière (futaie régulière et futaie irrégulière) sur les communautés de carabes forestiers. La futaie régulière est souvent supposée moins favorable à la conservation de la biodiversité ; cependant, peu de données permettent définir l’impact à long terme du mode de gestion.
Les carabes ont été choisis comme objet d’étude car ils sont connus comme de bons indicateurs des changements de leur habitat.
Deux approches ont été utilisées en parallèle :
Une approche écologique : analyse comparative de la diversité des communautés et de l’abondance des carabes sur des parcelles expérimentales gérées en régulier ou en irrégulier.
Une approche génétique : pour des espèces de carabes aux exigences écologiques différentes, analyse avec des marqueurs microsatellites de la diversité dans et entre des groupes d’individus de différentes forêts, en fonction du mode de gestion des forêts.
L’étude a été menée sur le plateau de Sault (pré-Pyrénées, Aude). Les parcelles expérimentales ont été choisies dans des sapinières régulières et irrégulières situées sur substrat calcaire, à une altitude comprise entre 880 et 1080 m.
Les données écologiques et génétiques analysées montrent un effet négatif de certains stades de la futaie régulière sur les communautés de carabes : régénération pour les essences forestières, gaulis-perchis pour les essences plus généralistes. Cependant, cet impact semble limité dans le temps. On ne retrouve en effet aucune différence, ni en nombre d’individus, ni en diversité génétique des populations, entre les parcelles de futaie régulière mature et les parcelles de futaie irrégulière.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer ceci :
(i) les carabes peuvent ne pas être sensibles à des différences fines de structure de la canopée ;
(ii) la gestion des forêts de montagne, telle qu’elle est pratiquée sur le pays de Sault, tend à rapprocher futaies régulière et irrégulière (rotations plus longues en futaie régulière, exploitation insuffisante des futaies irrégulières) ;
(iii) l’histoire des parcelles a sans doute une influence : les parcelles en futaie régulière sont anciennes alors que les parcelles en futaie irrégulière sont plus récentes. Or on sait par ailleurs que la diversité des populations de carabes dépend de l’ancienneté du couvert forestier.
En tout état de cause, il serait prématuré de conclure sur l’impact relatif des deux modes de gestion considérés. Des compléments d’étude seront nécessaires, en particulier sur la dimension paysagère (effet de la fragmentation de l’habitat).