Influence de l’intensité d’exploitation et du degré d’ouverture de la canopée en forêt tropicale humide sur le maintien et la dynamique de la biodiversité

Influence de l’intensité d’exploitation et du degré d’ouverture de la canopée en forêt tropicale humide sur le maintien et la dynamique de la biodiversité

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Coordinateur : Christopher Baraloto (INRA).

Partenaires :
ONF Guyane,
CIRAD Forêts,
INRA,
ENGREF,
Université Nancy I,
Uni. Florida,
Uni. Lisboa,
IRD.

Mots clés :
Exploitation forestière, REDD, gestion durable, richesse spécifique, diversité génétique, traits fonctionnels, forêt tropicale humide, Paracou, Guyane Française.

Voir colloque final  Voir séminaire intermédiaire 2007  Voir séminaire lancement 2006

L’ONF (Office National des Forêts), gestionnaire de l’essentiel du patrimoine forestier guyanais a pour mission de veiller à sa conservation et à son « bon usage » dans un cadre multifonctionnel. En termes d’exploitation, l’ONF a retenu l’option de recourir prioritairement à « une sylviculture extensive en forêt naturelle permettant le maintien d’une structure forestière très proche de celle des forêts primaires, une faible perturbation du couvert forestier (trouées d’exploitation de faible importance) et également la conservation d’un haut niveau de biodiversité ». L’application de ces principes nécessite une connaissance des modifications de l’écosystème forestier en fonction de l’intensité de l’exploitation.
Pour répondre à cette problématique, l’UMR ECOFOG (Ecologie des Forêts de Guyane), en partenariat avec l’ONF, a mis en place ce projet dont l’objectif est de déterminer quelles intensités d’exploitation et quelles répartitions de prélèvement permettent d’optimiser la productivité sylvicole sans compromettre la biodiversité du peuplement forestier.
Ce programme s’appuie principalement sur le dispositif expérimental de Paracou en Guyane française. Paracou est un site important pour la recherche sur la forêt tropicale du fait de sa taille et du recul de 20 ans dont on dispose après l’exploitation. L’originalité de ce projet repose sur l’analyse de la réponse de l’écosystème à un indice de perturbation (taille des trouées d’abattage et la distance au bord de la trouée) plutôt qu’à un indice de prélèvement (intensité d’exploitation). Le projet consiste à déterminer les effets de cet indice sur quatre niveaux de la biodiversité : sur la diversité spécifique ; sur la composition fonctionnelle (les caractéristiques écophysiologiques qui permettent d’expliquer les différences de tempérament et de stratégies en réponse à cette perturbation) ; sur la diversité génétique ; et sur des paramètres de la dynamique forestière (croissance, mortalité et recrutement).
Les trouées d’abattage à Paracou couvrent approximativement 27.8% de la superficie des parcelles exploitées; et la surface des trouées est positivement corrélée avec l’intensité de l’exploitation, avec approximativement 3.5% de superficie convertie en trouées pour chaque 10m3 extrait.
La diversité d’espèces d’arbres recrutés 20 ans après l’exploitation ne diffère pas entre les trouées d’abattage et des zones non-perturbées. Cependant, nous avons trouvé un effet marqué sur la composition floristique. Les analyses préliminaires intégrant des données complémentaires sur des traits fonctionnels suggèrent que les changements de la composition floristique dans les trouées pourraient avoir des implications considérables pour des services d’écosystème : les espèces recrutées ont en effet des densités inférieures en tissu de bois et de feuille.
Nous n’avons trouvé aucune évidence pour un effet des trouées sur la diversité génétique. Cependant, les analyses spatiales indiquent que le degré de consanguinité des juvéniles en zones exploitées apparaît plus fort que dans la génération de leurs parents potentiels et chez les juvéniles issus de la régénération en zone non exploitée.
La plupart des espèces (31 de 43) montrent une augmentation de croissance en trouées. Mais les taux de croissance varient avec la taille d’arbre.
L’ensemble de ces résultats illustrent la modification significative de la structure et de la diversité des forêts suite aux changements de régime de perturbations accompagnants l’exploitation forestière. Pour maintenir l’intégrité des forêts aménagées, des techniques d’exploitation à faible impact qui limitent la fréquence et la taille des trouées, devraient être utilisées. En outre, le projet a fourni un transfert de l’information qui doit permettre l’amélioration des inventaires forestiers en Guyane française.

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