Gestion forestière : implications dans le fonctionnement et la biodiversité des écosystèmes lotiques associés

Gestion forestière : implications dans le fonctionnement et la biodiversité des écosystèmes lotiques associés

[Télécharger le rapport final] 

Coordinateur : Eric Chauvet (CESAC).

Partenaire :
ONF (STIR Sud-Ouest).

Voir colloque final

Les recherches conduites dans ce projet visaient à comprendre comment la diversité forestière contrôle la biodiversité et le fonctionnement écologique des cours d’eau. Le couvert végétal produit en effet des litières qui constituent la source essentielle d’énergie pour le réseau trophique des cours d’eau forestiers ; leur décomposition implique une grande variété d’organismes décomposeurs. Ainsi, les hypothèses suivantes ont été testées en milieu naturel :
la diversité des forêts contrôle la diversité spécifique, infra-spécifique et/ou fonctionnelle des microorganismes et des invertébrés aquatiques participant à la décomposition des litières ;
la diversité des forêts contrôle le processus de décomposition des litières et, par conséquent, le fonctionnement de l’écosystème rivière.

Deux types de conclusions peuvent être tirées de cette étude.

 Au plan fondamental, il apparaît que la diversité du couvert forestier contrôle la diversité des champignons aquatiques mais pas celle des macroinvertébrés benthiques, ces derniers étant davantage dépendants de la vitesse du courant et de la qualité du substrat que de la variété de la nourriture disponible. Par contre les invertébrés broyeurs seraient affectés puisqu’ils consomment préférentiellement des litières colonisées par une plus grande diversité de champignons. La colonisation et la décomposition des litières sont donc directement et indirectement contrôlées par la diversité forestière. Il en résulte une variation des taux d’incorporation de la matière détritique d’origine terrestre dans le réseau trophique aquatique. Les tendances observées doivent être confirmées par des études à plus grande échelle, en portant une attention particulière au choix des sites pour limiter la variabilité des résultats liée aux paramètres géomorphologiques. Il reste à distinguer les processus généralisables d’emboîtement de la biodiversité de ceux qui relèvent de l’identité des espèces en jeu (essence forestière et/ou organisme décomposeur). Une extension de ces recherches est actuellement conduite dans d’autres régions européennes sous couvert majoritaire de hêtre, épicéa ou eucalyptus.

 Au plan appliqué, l’approche fonctionnelle retenue dans cette étude pour évaluer la qualité de l’écosystème rivière s’avère prometteuse. Elle intègre le taux de perte de masse des litières, mais aussi la diversité et l’activité des organismes décomposeurs associés. Dans certains cas (cours d’eau forestiers), elle pourrait se révéler plus sensible que l’approche utilisée en routine par les agences de l’eau, tel l’Indice Biologique Global Normalisé basé sur la structure des peuplements de macroinvertébrés. Une comparaison des indicateurs fonctionnels et structuraux est actuellement à l’étude en France et en Europe. Par ailleurs, les résultats obtenus comme ceux d’une étude précédente (Laitung et al., 2002) suggèrent que la conservation d’un couvert forestier diversifié ou, pour le moins, d’une bande forestière incluant une variété d’espèces indigènes contribue à la conservation de la biodiversité aquatique et de l’intégrité fonctionnelle de l’écosystème rivière. Il est difficile à ce stade de chiffrer le gain de telles mesures conservatoires. Toutefois, on doit s’attendre à ce que la généralisation de la monoculture forestière dans de nombreuses régions du monde se traduise par une diminution substantielle de la biodiversité aquatique.

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