Réponse de la biodiversité aux chablis en Brie : interaction avec le type d’exploitation et la taille des trouées

Réponse de la biodiversité aux chablis en Brie : interaction avec le type d’exploitation et la taille des trouées
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Coordinateur : Frédéric Gosselin (CEMAGREF).

Partenaires :
Chambre d’Agriculture de Seine et Marne,
ONF (Melun).

Voir colloque final

Le projet visait à suivre et à comprendre la dynamique de la biodiversité au niveau floristique et entomologique dans des peuplements forestiers de la Brie, détruits par la tempête du 26 décembre 1999. Nous avons étudié l’impact de la taille de la trouée et de l’exploitation des chablis sur la flore et les coléoptères carabiques. Il s’agit notamment de comparer une non-exploitation des chablis, leur exploitation « classique » et un procédé original d’exploitation « extensive », visant à laisser dans la trouée une partie des éléments « structurants » de l’écosystème et de la perturbation (galettes de chablis ; houppiers entiers ; une partie du bois mort au sol ; couvert buissonnant ; semenciers). Dans ce cadre, nous avons essayé de comprendre, pour la végétation et en partie pour l’entomofaune, quels sont les mécanismes qui conditionnent la survie, le développement et l’installation des espèces, parmi la lumière, la compétition racinaire et les micro-habitats associés aux différents modes d’exploitation des chablis.
A court terme, la création d’une trouée a un fort effet sur la richesse, l’abondance et la composition des communautés :
 – pour la flore, l’ouverture a un effet positif sur la plupart des espèces y compris les forestières adultes et peu d’espèces voient leur abondance baisser, ce qui indique que les communautés sont nettement de type emboîté ;
 – pour les carabes en revanche, les communautés ne sont pas emboîtées car les espèces de milieu ouvert et les forestières ont une réponse opposée à l’ouverture.
De plus, l’exploitation mécanique des trouées n’est pas préjudiciable à la biodiversité de la flore ni à celle des carabes, sauf pour le groupe des bryophytes, et pour certaines espèces. Elle n’est surtout pas défavorable au groupe des espèces forestières (flore ou carabes) ni aux carabes généralistes (ce groupe est même moins abondant/riche en trouée non exploitée qu’en témoin forestier). Quelques plantes sont plus abondantes dans les micro-habitats de type « troncs et houppiers non démembrés morts » ou « sol non perturbé près de brins debout » que dans les zones ouvertes de la trouée (les analyses au niveau espèce pour les carabes n’ont pas été réalisées).
Par ailleurs, la taille de trouée ne constitue pas un gradient très structurant pour les communautés étudiées, ou du moins il n’y a pas de réponse forte pour les groupes écologiques mais des réponses seulement au niveau espèce ; cela dit, ces conclusions sont pour l’instant provisoires pour la flore.
Enfin, pour les deux groupes, plus que la position par rapport au soleil dans la trouée, c’est bien le type de micro-habitat créé par la tempête et/ou l’exploitation (ensoleillé/à l’ombre, sol perturbée/non perturbé, près d’une galette de chablis ; sous des troncs de chablis ; dans un houppier mort ou vivant) qui conditionne fortement la réponse des communautés, même si cela n’est pas valable pour tous les groupes écologiques.
Ces résultats demandent à être confirmés par d’autres analyses. En premier lieu, nous attendons pour les carabes les analyses au niveau espèce pour vérifier qu’elles réagissent bien comme leurs groupes écologiques l’indiquent, ce qui n’était pas exactement le cas dans les analyses de 2002. Ces modèles n’ont pas été encore été testés pour des raisons de temps de calcul mais seront intégrés pour les publications à venir. Par ailleurs, il faudra confirmer ces résultats avec plus de données : les données de 2004 (pour la flore, 40 trouées dont 21 nouvelles, ce qui permettra notamment de tester les différences entre exploitation extensive et intensive) ; celles des autres années, quand le pourtour des trouées sera fait au GPS permettant de calculer leur position dans la trouée. Il nous faut intégrer les résultats des mesures d’ouverture par photos hémisphériques. Il faudra aussi répondre aux hypothèses non abordées jusqu’ici sur les mécanismes, notamment en utilisant le dispositif expérimental destiné à tester l’effet de la compétition racinaire des arbres. Par ailleurs, nos résultats sont intrinsèquement limités par la durée du projet, qui ne peut percevoir que des effets à court terme. Or, on sait que les espèces forestières ne répondent pas très rapidement à la perturbation : aussi leur indifférence à la qualité de la perturbation – que ce soit la modalité d’exploitation ou le micro-habitat lié à la perturbation, pourrait se changer à terme en une réponse plus forte.

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