Il s’agissait d’étudier le rôle de la diversité du cortège ectomycorhizien sur l’efficacité des racines fines absorbantes du hêtre au cours des saisons. Le projet visait également à déterminer à quel point le régime sylvicole pouvait influencer cet aspect de la biodiversité microbienne, et donc indirectement la résilience des peuplements.
L’approche retenue est fondée sur la mise en œuvre combinée de deux concepts émergeants de l’étude de l’écologie des populations d’ectomycorhizes en milieu forestier : la complémentarité fonctionnelle et la diversité temporelle. Nous avons étudié, en comparant deux niveaux d’éclaircie très contrastés et en tenant compte des fluctuations environnementales à court terme (température et potentiel hydrique du sol), le rôle de la diversité spatiale et temporelle du cortège ectomycorhizien sur la survie des racines fines absorbantes superficielles du hêtre au cours des saisons et en fonction de l’état hydrique du sol.
La capacité des racines à reprendre rapidement l’absorption de la solution du sol lors du retour des pluies est en effet critique pour la nutrition minérale des arbres. Un test colorimétrique, basé sur la détection de l’activité respiratoire potentielle de mycorhizes isolées, a permis de quantifier la viabilité des populations de chaque morphotype dominant. Cette variable a été mise en relation avec la température et le potentiel hydrique mesurés in situ. La mise en œuvre simultanée de ces approches combinant deux échelles spatiales (l’apex racinaire et le peuplement) et deux approches de la diversité des racines fines (fonction et espèce du champignon associé) a fourni des connaissances originales sur la fonction d’absorption des arbres, ainsi que de nouveaux outils de décision pour une gestion forestière durable.